Dans la vraie vie, je suis journaliste. Enfin, j'étais. Pendant 7 ans. Un rêve de gamine. Pas parce que je voulais sauver le monde. Pas parce que je voulais présenter le JT avec un beau brushing. J’aime l’idée de relayer l’information. Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est assembler les mots comme des perles sur un fil, prendre du recul et me dire que c’est joli. Ou drôle. Ou percutant. Quand je pense que, quelques jours plus tard, ils se retrouvent dans les mains de milliers de lecteurs, et que grâce à la combinaison qui fait mouche, je leur arrache un rictus, je frissonne. C’est un peu la même chose avec les bijoux…
Quand j’y pense, je remplissais déjà mon tiroir dans la cours de récré. Je vendais des bagues à mes copines – réalisées à partir d’attaches parisiennes, d’une rare beauté – et offrais des bracelets brésiliens à mes amoureux. Les bijoux, chez moi, c’est un toc. Une obsession. Une idée fixe. Pour moi, c’est un peu comme les pralines de la mode. Quand je regarde un film ou une série, je n’écoute pas ce que Brenda a à dire à Brandon, j’analyse ses fanfreluches. Son solitaire, ses créoles, son pendentif en scarabée. Depuis toute petite. Idem dans la rue, dans les magasins, et même chez le boucher, tiens. J’ai été pie dans une autre vie. Ou Bonnie Parker. Dans cette vie-ci, je ne dérobe rien, je crée!
Mes amulettes, je les ai réservées à mes amies pendant 5 ans. Et aux amies de mes amies. En 2013, j’ai décidé d’en faire un vrai projet de business woman en tailleur et d’orfèvre en tablier. Mon rêve numérobis!
Mais qui est cette fameuse Lou, au fond? Lou, c’est moi. Enfin, toutes les facettes de moi que je n’ai pas l’occasion de faire « briller » au quotidien. Toutes les nanas qui se cachent en moi. En vous. Si j’avais eu 6 ans, on l’aurait appelée « amie imaginaire ». C’est un peu ça, au fond (et là, je me rends compte que je fais peur). Il y a Lou la bobo, la baroudeuse qui garde ses tickets d’avion et de train, qui ramasse des cailloux pendant ses trekking, parraine un enfant au Bénin et préfère porter des plumes comme les Incas. Il y a Lou, la « madame ». Celle qui assiste à un vernissage le vendredi soir. Elle adore se dessiner une bouche rouge et réalise qu'elle se sent aussi bien perchée sur des talons. Et enfin, il y a Lou, la coquine. L’ex-petite fille pas encore tout à fait grande qui aime toujours tremper son doigt dans le pot de choco. Lou, c’est une balle magique à facettes!
Et sinon, dans la vie, j’adore l’orage au loin, dire le mot « ornithorynque », entendre le mot « lilliputien », tremper mes doigts dans la colle et tout arracher, marcher dans les cailloux, envoyer une boulette de papier dans une poubelle, et bien viser, prendre le train et rêvasser, acheter du jus de pomme au marché, mes amulettes (mes bijoux, quoi), les SMS pour ne rien dire (qui veulent tout dire), manger ma glace avec une fourchette, l’odeur du feu de bois dans les cheveux de celui que j'aime, aller chez Habitat, le cinéma français, les petits pois (sur un T-shirt et dans la soupe), la vie, la vraie, et la poésie qui la rend encore plus jolie!
Dans un monde idéal je pourrais toutes vous rencontrer autour d’une petite tasse de Rooibos (ma douce addiction). Et vous? Qui êtes-vous?
Bise, Lou